L'assèchement de la ressource!

Lors du Gala des Jutra, j'ai souri, jaune un peu, lorsqu'une pub gouvernementale annonçait l'aide qu'elle apporte aux créateurs. Ben alors, parlons-en de cette aide. Jamais je n'ai été tant confronté à l'assèchement de cette ressource indispensable et essentielle pour une société que représentent les créateurs. Que l'on parle d'œuvres littéraires, théâtrales, sculpturales, artistiques ou que l'on réfère à des créateurs de contenu ou d'information, la situation est la même. La majorité d'entre eux vivote et se contente des miettes que les vautours tout autour laissent, juste assez, pour qu'ils survivent et fournissent encore la matière qui fait la richesse de notre culture, de notre société. À titre d'auteur, je serai chanceux si mon livre, Parenthèse, m'apportera quelques milliers de dollars. Et cet argent, je n'y aurai droit qu'en 2012. L'IRB, à sa 5e année d'existence , fournit du contenu de qualité repris par tous les médias, mais s'enfonce toujours un peu plus dans le rouge. Je ne me plains pas, je constate. Personne ne m'a dit que ça serait facile. Tout le monde autour déplore la situation des créateurs, mais je crois que personne ne souhaite vraiment la corriger. Les entreprises qui se nourrissent du travail des créateurs sont souvent des entreprises rentables, très rentables. Elles pressent la ressource en évoquant que leur entreprise doit arriver, afficher des profits. Comme si le créateur n'avait pas cette préoccupation. Comme si, parce qu'il n'est pas structuré en entreprise, parce qu'il est « autonome », il n'a pas à se soucier des fins de mois. Comme si le processus créatif devait absolument émaner et jaillir du désert matériel, sans quoi, il perd de sa valeur. C'est bien connu, personne ne veut plus payer pour du contenu. Pas de problème par contre à débourser des fortunes pour y avoir accès. Une dynamique qui réduit progressivement l'offre et la valeur des contenus, peu importe comment on les qualifie. Et on s'interroge et s'inquiète sur l'assèchement des ressources! À force de ne jamais rien vouloir payer pour rien, on se ramassera en bout de piste avec un beau petit rien du tout.