La méfiance, un boulet insupportable!

Elle est contagieuse et touche maintenant la presque totalité des Québécois. Elle agit telle une tumeur maligne et détruit tout sur son passage. Elle rend amer, aigri et même agressif. Elle entache la démocratie et empêche la société d'avancer. Elle génère l'égocentrisme et l'individualisme. La méfiance est le plus grand cancer social et le premier à lequel on devrait s'attaquer.

Le Plan Nord n'est certes pas une mauvaise idée en soi. Il pourrait même être un projet mobilisateur, mais pas du tout. Dans un contexte de méfiance, les ventes sont presque impossibles à faire, et peut-être encore davantage si elles viennent du premier ministre actuel.

Ainsi, près de trois Québécois sur quatre (71%) ne croient pas que le Plan Nord générera les retombées promises. Seulement 8% pensent que ces retombées profiteront principalement à l'ensemble des Québécois alors que 42% croient plutôt que ce sera quelques groupes d'intérêt qui récolteront le gros lot. Il y a longtemps que les Québécois ont cessé de croire au Père Noël. Une sorte de cynisme est maintenant bien palpable.

Et ce cynisme alimente le principe de l'utilisateur/payeur, un système basé sur la notion d'individualisme plutôt que sur celui du collectivisme.  Les Québécois sont presque le double maintenant à se dire favorables (43%) plutôt que défavorables (26%) à ce principe de l'utilisateur/payeur, les plus riches, encore davantage.

La méfiance envers les messagers est telle qu'aucun projet ne peut germer et récolter l'assentiment de la majorité. On se tourne alors vers son propre univers, incapable de regarder et s'intéresser à ce qui se passe autour. À quoi bon se dit-on!

Et les actuels chefs des trois principaux partis ne voient rien. Ils poursuivent sur leurs lancées, aveuglés, bornés, biaisés, blessés, torpillant tous projets valables n'étant pas les leurs et s'accusant mutuellement de tous les maux. Que de violence verbale. Une calamité, encouragée par les grands réseaux de télé qui trouvent probablement leur compte dans cette dynamique absurde. Si on m'attaque avec un marteau et un bat de baseball, il y a fort à parier que je me défende avec les mêmes moyens. On ne s'en sort pas.

Les derniers débats et l'actuelle campagne électorale ne feront qu'accroître le cynisme et la méfiance des Québécois et malheureusement, à la lumière de leurs agissements, je crois que les trois chefs devront porter une bonne partie du blâme.

Et pendant ce temps, le Québec fait du sur place.