Le retour des Nordiques: Un manque ou une béquille
Le retour des Nordiques : Un manque ou une béquille?
Il existe plusieurs façons de présenter des statistiques. Tout est une question d'angle.
Bon. Personne ne sera surpris. Prêt des trois quarts de la population du Québec(73 %) souhaitent revoir les Nordiques de Québec de retour dans la ligue nationale de hockey. Cette proportion atteint même 78 % dans la région de Québec. C'est énorme. L'attrait des Nordiques et sa popularité ne sont pas que locaux, mais bien provinciaux. Impressionnant pour une équipe qui n'existe plus depuis maintenant quinze ans?
Même les femmes, pourtant pas des fans avouées de hockey, sont fortement majoritaires (69 %) à souhaiter ce retour.
Les chiffres de l'IRB confirment davantage cette volonté, mais font ressortir une donnée intéressante, donnée qui peut être interprétée de deux façons différentes.
Deux visions possibles
L'indice de bonheur moyen (IRB) des personnes souhaitant le retour des Nordiques est 4 points plus faibles que celui des personnes qui, au contraire, ne souhaitent pas les revoir (78,80 vs 82,70). Est-ce à dire que les fans de hockey sont moins heureux? Que l'absence de cette équipe crée auprès de la population un déficit du bonheur? Qu'elle constitue un manque et que son retour le comblerait? Possible, mais surprenant. Et si oui, inquiétant.
L'autre explication, plus valable, suggère que moins on se fie à des éléments extérieurs pour notre bonheur, que plus faible est notre niveau de dépendance, plus élevé est notre niveau de bonheur. Les gens qui ne souhaitent pas le retour des Nordiques, qui les ont enterrés depuis longtemps, ont orienté leur vie et leurs activités autrement et sont en mesure d'être pleinement épanouis sans avoir à s'appuyer sur une béquille quelconque. Ils apprécient la société pour ce qu'elle leur offre plutôt que d'attendre et d'anticiper ce qu'elle ne peut leur donner.
Le bonheur doit provenir de soi davantage qu'apporté de l'extérieur. Et les effets de la nostalgie, davantage lorsqu'ils sont entretenus, ont des limites qui, une fois dépassés, deviennent des déceptions, des manques et des regrets. Ces derniers constituent les cancers de l'âme et du bonheur.
Plusieurs trouveront cette explication tirée par les cheveux, mais les innombrables données de l'IRB démontrent clairement ce phénomène. Peut-on l'appliquer à celle des Nordiques et de leur retour? L'IRB en a pris la liberté.