Montréal, société distincte!
Montréal, société distincte!
Si la constance et la stabilité sont des critères importants pour justifier et qualifier une position au classement des villes les plus heureuses, Montréal nous donne peu de marge de manuvre quant à l'interprétation des données. Vingtième sur 25 en 2007, trentième sur 30 en 2008, Montréal ferme la marche de ce palmarès avec un IRB moyen de 75,24.
Toutefois, mentionnons en entrée de jeu qu'il serait surprenant que Montréal apparaisse un jour dans le «top cinq» de ce classement. Sa stature, sa population, autant son nombre que sa composition, son niveau d'activité et son unicité en font une société distincte en soi et mérite qu'on l'évalue avec cette perspective, mais pas au point cependant de justifier et d'excuser sa dernière position.
Montréal est peut être la ville du club des Canadiens et les bonnes performances de ce dernier ont beau influencer le bonheur de ses résidents, il n'en demeure pas moins que bien peu de chiffres sont à l'avantage de Montréal. Le cur et les poumons du Québec sont encrassés, ce qui n'augure rien de bon pour l'ensemble de la province.
Des chiffres qui font mal
La donnée qui frappe le plus et qui illustre bien un malaise propre à Montréal est le taux de décrochage scolaire qui se situe à 30,6% comparativement à 24% pour le Québec. Cette donnée en dit long sur l'environnement, l'encadrement et les nombreuses difficultés des jeunes sur l'île.
Le deuxième chiffre qui étonne est la très forte proportion de personnes qui possèdent un diplôme universitaire (24,3% vs 16,4% pour le Québec), alors que le taux de chômage de Montréal dépasse néanmoins 9% (plus élevé qu'à Alma, Rimouski et Rouyn-Noranda). Peut-on voir dans cette statistique, regroupée avec celle de la composition ethnique de la ville, la difficulté des immigrants qualifiés à se trouver un emploi dans leur champ de compétence? S'il est vrai que la société de demain sera celle du savoir, il faudrait peut-être commencer aujourd'hui à en appliquer les grands principes.
Le troisième élément qui se veut fort révélateur de la dernière position de Montréal, c'est sans aucun doute le revenu personnel disponible qui n'est que de 24,810$. C'est moins qu'à Ste-Julie et à Repentigny, mais avec des coûts de la vie qui y sont supérieurs et ce, sans compter la valeur foncière moyenne bien au-delà de 200 000$ qui rend difficile l'accès à la propriété sur l'île ou encore, qui devient l'affaire que des mieux nantis de la société.
Cette situation, additionnée au fait que le taux de familles monoparentales à Montréal atteint un sommet (21,7% vs 16,6% au Québec), explique, en partie du moins, le très fort taux de familles à faibles revenus sur l'île. Celui-ci se situe à 16,7% comparativement à 9,6% au Québec et à 3,5% à Ste-Julie. C'est énorme. La difficulté des immigrants à se trouver du travail ou encore du travail convenable, contribuerait-il à cette situation?
Puisqu'une mauvaise statistique en attire souvent une autre, mentionnons que le solde migratoire de Montréal est négatif (- 9 007 personnes entre 2006 et 2007). Avec les données précédentes, pas surprenant que l'île se vide.
Mais Montréal, c'est Montréal. Cependant, la «ville qui a une âme» souffre et avant que cette âme ne se fende en quatre, nous aurions peut-être tous intérêts, résidents de Montréal et de partout en province, à mettre un baume sur ses plaies pour notre bonheur à tous.
Source : Institut de la statistique du Québec
Statistique Canada
Site web, ville de Montréal